Il vaut mieux être efficace qu’avoir raison

J’avais un défaut parmi les autres qui m’épuisait. J’aime que les choses soit alignées avec la réalité ou les concepts.
Il m’est donc arrivé par le passé de me battre tel Alonso Quichano (Don Quichote) et prendre chaque écart de réalité comme un combat pour sauver le pauvre et l’opprimé.
Que ce soit en formation, en coaching, sur une compréhension d’un élément tel que le manifeste agile ou une affirmation d’un interlocuteur … lassant je vous dis !
Et j’en ai consommé des kilocalories, du temps pour aboutir à des joutes verbales longues et dénuées d’intérêt au final.

Oui mais ça c’était avant ! Depuis quelques années et une conférence de Matthew Richter, j’ai pris sur moi et me répète, et forcément la répète également régulièrement auprès de mes collègues et clients :

Il vaut mieux être efficace qu’avoir raison

Matthew Richter

Au premier abord, cela sous entend que la vérité n’est que secondaire.

Pourtant le sujet semble noble !
La quête de la vérité et de la justice a toujours été un combat chez l’être humain.

Qu’est ce qu’avoir raison ?

Avoir raison implique souvent une adhésion stricte à des principes, des faits ou des vérités universelles. Cette notion est cruciale dans des domaines comme la science, la justice ou la philosophie, où la quête de la vérité et de l’exactitude est primordiale. Cependant, cette recherche de la vérité peut parfois entrer en conflit avec les besoins immédiats ou pratiques, créant des situations où la rigidité intellectuelle peut entraver l’action et l’adaptabilité.

Qu’est ce que l’efficacité ?

L’efficacité se définit comme la capacité à produire le résultat souhaité avec un minimum de ressources, de temps et d’effort.
Être efficace signifie atteindre des objectifs de manière pragmatique et tangible.
Pour cela il faut arriver à contourner des obstacles théoriques ou des débats inutiles.
Dans le contexte professionnel, par exemple, une approche efficace peut conduire à une meilleure productivité, une satisfaction accrue des clients, et finalement, une croissance et un succès accrus pour l’entreprise.

Par exemple, lorsque deux personnes (a minima) dans une réunion prolongent des échanges pour affirmer leurs positions, cela nuit clairement à l’efficacité.

Restez avec moi, vous vous êtes déjà envolés dans vos souvenirs de réunions barbantes.
Clairement ici l’ego va venir saboter le travail avec des “j’ai raison”, “oui mais c’est pas comme cela qu’on va faire”, etc.

Bref, l’efficacité nous a quitté et les protagonistes veulent rétablir LA vérité comme si c’était un sacerdoce.

Comment équilibrer efficacité et raison ?

Dans notre société des années 2020 (nous pouvons même remonter depuis 2000) où les changements technologiques et économiques sont rapides, l’efficacité est souvent plus valorisée que la rectitude des faits.
Par exemple, les entreprises qui s’adaptent rapidement aux besoins du marché, même si cela implique de faire des compromis ou de prendre des décisions basées sur des informations incomplètes, réussissent souvent mieux que celles qui s’attachent rigidement à des plans ou des principes préétablis.
De la même manière, les équipes qui prennent des décisions, des initiatives vont sans aucun doute réaliser des erreurs et cependant vont finalement être plus performantes que celles qui souhaitent tout concevoir avant de se lancer. Concrètement, elles ont des idées sans pourtant être sur que ce soit LA vérité. Elle prenne des décisions et valideront l’alignement par rapport à leur postulat de départ.

Et concrètement ?

Nous avons oublié les jouteurs de notre exemple précédent. Retournons voir ou ils en sont :
Les protagonistes continuent de s’écharper, dans le respect et disons la bienveillance (je vous pose l’article de Céline Swierkowski sur la bienveillance, une pépite)
Une gène s’est installée parmi les participants à la réunion.
Personne n’intervient car souvent ce sont des managers qui joutent.
Si vous sortiez la calculatrice Réuniomètre, le cadran tournerait suffisamment pour rafraichir la pièce.

C’est bien souvent à ce moment qu’il pourrait être essentiel de poser sur la table cette maxime “Etre efficace plutôt qu’avoir raison”. En l’étayant bien sur, le but n’est pas ici d’être source de frustration, mais d’efficacité.
Dans l’agilité il existe des rôles qui peuvent nous aider, le scrum master en première ligne, le coach éventuellement, des rôles transverses ou bien d’autres auxquels vous pensez et que je n’évoque pas.
Si ces rôles n’existe pas, il y a aussi de la matière à gratter sur l’organisation même de la réunion. Les processus de travail avec des rôles délégués d’Alain Cardon peut nous faciliter ce retour à l’efficacité.

Oui mais …

Cependant, cette primauté de l’efficacité comporte des risques.
L’obsession des résultats rapides peut conduire à une érosion des principes éthiques, à des décisions mal informées ou à des actions précipitées sans considération des conséquences à long terme.
Dans le monde des affaires, cela peut se traduire par des pratiques commerciales douteuses ou des crises financières.

… il faut quand même trouver l’équilibre

L’idéal serait de trouver un équilibre entre l’efficacité et la rectitude. Cela implique une approche flexible qui valorise les résultats pratiques tout en restant ancrée dans des principes éthiques solides. Les individus et les organisations doivent apprendre à naviguer entre ces deux impératifs, utilisant l’efficacité pour atteindre des objectifs concrets tout en respectant les vérités fondamentales et les normes morales.
Exemple: oui mon équipe n’applique pas stricto sensu SCRUM. Est-ce grave ? Est ce que le but est d’appliquer le Framework ou de délivrer de la valeur ? Serons-nous juger sur notre qualité de mise en œuvre du process ou sur notre capacité à gagner de nouveaux clients et donc permettre à l’entreprise de continuer à vivre.

En conclusion

Il y a des combats que je ne souhaite plus mener, auxquels je ne souhaite plus assister ou si j’y suis contraint je n’hésite pas à répéter jusqu’à l’overdose “et si nous tentions d’être efficaces plutôt qu’avoir raison ?”
Au final, si l’efficacité est essentielle pour naviguer dans la complexité et les défis contemporains, elle ne doit pas se faire au détriment de la vérité et des principes éthiques. Le véritable succès réside dans la capacité à équilibrer l’efficacité avec une adhésion fidèle à ce qui est juste et vrai.

Aurélien

Papa d’un petit aventurier qui dépasse ses limites et m’entraîne dans ses expériences autour du monde
Moniteur de saut à l’élastique le week-end avec pour motivation d’aider des gens à rester en vie

Coach la semaine avec pour motivation d’aider des gens à relativiser le changement auquel ils sont confronté et l’accueillir à bras ouverts.

Donc le week-end j’aide des gens à vivre un changement extrêmement brutal lors duquel ils mettent leur vie en danger. La semaine, j’aide des personnes a appréhender un changement vécu tout aussi brutalement comme une nouvelle organisation, un nouvel outil, une nouvelle méthode de travail, …

Cela se fait dans cas par le biais de la formation, du coaching et du mentoring sur des sujets comme l’agilité, l’écoute active, les nouvelles pratiques de management.

Vous trouvez cette présentation étrange ? Je vous ai d’abord partagé ce qui fait de moi un être humain et me permet de relativiser les difficultés rencontrées par les entreprises.